Les différents types d'incontinence | Pour aller plus loin | Mieux vivre l'incontinence
L’incontinence par instabilité vésicale
Vous ressentez plusieurs fois par jour un besoin urgent et impérieux d’uriner alors que vous êtes allé vous soulager peu de temps auparavant ? Parfois, vous avez des pertes d’urine involontaires avant même d’arriver aux toilettes ? C’est le signe d’une incontinence urinaire par hyperactivité vésicale, également appelée incontinence par instabilité vésicale. N’hésitez pas à aborder la question avec votre médecin. Il existe de nombreuses solutions pour vous aider à combattre vos fuites urinaires.
Qu’est-ce que l’incontinence par instabilité vésicale ?
Mieux comprendre le fonctionnement de l’appareil urinaire
Comprendre les mécanismes qui commandent le système urinaire peut vous aider à comprendre vos troubles urinaires. Les reins, les uretères, la vessie, l’urètre : chacun de ces organes participe à la production d’urine ou à la continence. La vessie, pour sa part, a deux fonctions : servir de réservoir à l’urine et en assurer l’évacuation.
Concrètement, comment ça se passe ? Les reins filtrent le sang puis éliminent les déchets via l'urine. La vessie reçoit l’urine produite 24h/24 par les reins. À mesure qu’elle se remplit, elle se dilate également.
Lorsque la vessie est à moitié pleine, soit à partir de 300 ml, les récepteurs nerveux qui la tapissent provoquent la contraction du detrusor (le muscle de la vessie). De cette contraction découle la sensation du besoin d’uriner. Si l’on se retient, la vessie peut contenir jusqu’à 600 ml d’urine.
Repérer les signes d’une vessie hyperactive
J’ai vraiment besoin d’aller aux toilettes et je n’arrive pas à me contrôler, juste avant ou au même moment, je commence à avoir des fuites.
René, 79 ans
Vous allez uriner plus de sept fois dans la journée et deux fois dans la nuit ? Ce signe doit vous alerter. Chez de nombreuses personnes, des femmes comme des hommes, le muscle detrusor se contracte alors que la vessie est peu remplie, entraînant une augmentation de la pression au sein de la vessie. Si le verrou du sphincter arrive à compenser cette pression, aucun écoulement d’urine ne se produit. Les symptômes se traduisent simplement par un besoin impérieux et désagréable d'uriner fréquemment, mais la personne peut attendre des circonstances sociales favorables pour déclencher consciemment l’évacuation de l’urine.
En revanche, lorsque l'envie se fait plus pressante, le besoin d'uriner ne peut plus être contrôlé par la volonté, et la vessie se vide partiellement ou complètement, au mauvais moment et au mauvais endroit : des fuites urinaires se produisent.
Quelles sont les causes de l’hyperactivité vésicale ?
L’hyperactivité vésicale est définie comme un cortège de symptômes comprenant des envies soudaines, répétées et irrépressibles d’uriner, de jour comme de nuit, assorties ou non d’épisodes d’incontinence urinaire, de légers à sévères.
L’incontinence générée par une hyperexcitabilité de la vessie n’est pas en soi une maladie mais peut être le symptôme d’une maladie sous-jacente. Parmi les pathologies pouvant avoir des conséquences sur l’appareil urinaire et être à l’origine d’une vessie hyperactive et de l’urgence mictionnelle, on peut citer :
- les infections urinaires, les cystites aiguës;
- une augmentation du volume de la prostate chez l’homme;
- les troubles neurologiques (certaines lésions de la moelle épinière);
- les maladies neurologiques (la sclérose en plaques, la neuropathie diabétique ou les accidents vasculaires cérébraux);
- les démences de type maladie d’Alzheimer;
- les calculs vésicaux;
- les séquelles de radiothérapie lors de tumeurs vésicales.
L'incontinence par instabilité vésicale expliquée en vidéo
Pourquoi consulter ?
Gênées ou fatalistes face à leur incontinence urinaire, les personnes touchées ont tendance à s’isoler. Les études montrent en effet que peu de personnes sont prises en charge alors même que des traitements existent.
Si vous reconnaissez vos symptômes dans la description des signes cliniques d’une vessie hyperactive, rassurez-vous : l’origine de vos fuites urinaires n’est pas forcément pathologique. Dans 80% des cas, l’instabilité vésicale est dite idiopathique1, c’est-à-dire sans cause connue, et peut résulter d’une tension psychologique. En effet, en cas de stress, on peut observer des envies d’uriner plus intenses même chez des personnes dont la vessie est a priori saine. L’hygiène et le mode de vie peuvent également être en cause dans son problème de fuites urinaires.
Comment traiter l’incontinence par hyperactivité vésicale ?
Les traitements reposent sur des approches variées, parfois combinées, d’une part parce que les différentes thérapies n’ont pas les mêmes effets chez tous les patients, d’autre part parce que certaines personnes affichent une incontinence multifactorielle. 50% des personnes déclarant des problèmes d’incontinence, souffrent à la fois d’incontinence par instabilité vésicale et d’incontinence d’effort2. On parle dans ce cas d’incontinence mixte.
Rééducation périnéo-sphinctérienne et rééducation du détrusor
La rééducation périnéale est proposée comme traitement de première intention à la majeure partie des hommes et des femmes atteints d’incontinence, quelle qu’en soit la cause. Si vous souffrez d’une incontinence par impériosité, la rééducation pelvienne pourra être associée à une rééducation du muscle de la vessie. La technique du biofeedback aide le patient à prendre conscience de son périnée et à le renforcer grâce à des exercices appropriés : un plancher pelvien tonique permet de mieux compenser les brutales pressions vésicales exercées par les envies soudaines et urgentes d’uriner. En parallèle le patient pourra bénéficier de séances d'électro stimulation non invasive. Le principe de cette technique est d’envoyer un courant électrique à travers les muscles de la vessie pour réduire (voire inhiber) les contractions anarchiques du muscle détrusor et à terme, espacer davantage les envies d’uriner.
Traitement comportemental
S’impliquer dans la gestion de ses troubles est important. C’est pourquoi il pourra vous être conseillé de réguler vos horaires de miction (parvenir à maintenir une durée de deux heures entre deux passages aux toilettes) et pour ce faire, tenir un calendrier mictionnel. Cette méthode vise à rééduquer le cerveau en reprogrammant consciemment la vessie. La réussite de la rééducation comportementale dépend en grande partie de la motivation de la personne.
Traitement médicamenteux
En cas d’échec ou de bénéfices modérés des différentes méthodes de rééducation, votre médecin pourra être amené à vous prescrire des anticholinergiques. Ces médicaments de la famille des antispasmodiques agissent en bloquant les transmissions nerveuses entre les nerfs qui contrôlent la vessie et le muscle vésical.
Autre piste, l’injection de toxine botulique. Plus connue sous le nom commercial de Botox, cette substance est utilisée dans le traitement de l’incontinence pour ses propriétés paralysantes. Injectée par l’urologue dans la vessie, la toxine botulique permet le relâchement du muscle vésical.
Neuromodulation
Pour les patients ne répondant pas aux médicaments, certains experts préconisent une technique plus récente : la neuromodulation des racines sacrées. Elle consiste à implanter sous la peau une sorte de pacemaker de la vessie, appelé neurostimulateur. Ce dispositif stimule (par l’envoi de faibles impulsions électriques) les nerfs de votre dos qui commandent vos intestins, votre rectum et votre vessie, vous aidant ainsi à reprendre le contrôle de vos fonctions vésicales.
Comment éviter les fuites urinaires par instabilité vésicale ?
Changer votre alimentation et votre mode de vie peut vous apporter rapidement des bénéfices ! Une hydratation correcte et répartie tout le long de la journée, la perte de poids (pour les personnes en surpoids) et l’arrêt du tabac sont les premiers conseils d’hygiène que vous donnera votre médecin. Réduisez également votre consommation de thé et de café. Ces boissons irritent la vessie et incitent les reins à produire davantage d’urine, ce qui accroît l’instabilité de la vessie et entraîne des effets secondaires comme l’infection urinaire. Le vin, la bière et les spiritueux ayant aussi un effet diurétique, consommez-les avec modération. Enfin, l’anxiété chronique expliquant en partie l'hyperexcitabilité de la vessie, accordez-vous régulièrement des moments de relaxation pour détendre vos tensions nerveuses.
L'incontinence n'est pas uniquement un trouble touchant les personnes âgées. En effet, l’incontinence par hyperactivité vésicale touche environ 10% des cas d’incontinence urinaire2. Malheureusement, les personnes qui en souffrent ont tendance à se replier sur elles-mêmes. Si vous êtes concerné n’attendez pas pour en parler à votre médecin. Il pourra vous prodiguer des conseils pratiques pour améliorer votre quotidien et vous accompagner jusqu’à la réduction significative, voire la résolution totale de votre problème d’incontinence.
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1Centre d’urologie Lyon Ouest_L’incontinence urinaire par urgenturie ou hyperactivité vésicale_Mars 2023
2Association française d'urologie (AFU)_Communiqué de presse_Incontinence, levons les tabous sur les fuites urinaires_Mars 2021
Réf : HDBP20202303
