Qu’est-ce que la dignité ?

Le respect de la dignité est un principe applicable à tous. Il est inscrit dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen et est soumis au droit de la santé. Respecter la dignité d’un patient ou d’un proche, c’est avant tout le considérer comme un être humain et le traiter d’égal à égal. Vous avez le devoir de respecter la personne âgée dépendante, mais le droit absolu qu'elle vous respecte aussi.

Pour installer et préserver une relation aidant-aidé sereine et apaisée, vous devez adopter les bons réflexes :

• donner le droit à la personne d’accepter, de refuser ou de modifier ses soins ;
•  indiquer à la personne pourquoi vous êtes là (Je vais t’aider à te sentir à l'aise, Je vais vous aider à vous préparer à une visite, pour un moment de repos, un repas) ;
• faire preuve de discrétion. Le secret médical fait lui aussi partie du principe de dignité, au même titre que la bientraitance ;
• faire preuve de patience, de bienveillance et d’indulgence.

Comment cultiver une écoute de qualité ?

Le respect de la dignité d’une personne incontinente concerne aussi bien les soignants (professionnels de santé) que les aidants familiaux (proches, famille, etc.). Leur rôle est délicat puisqu’ils peuvent être amenés à effectuer des soins intimes tels que le change ou la toilette.

Plutôt que d’être considérée comme l’exécution d’une simple toilette, cette dernière peut être envisagée comme un moment privilégié dans l’accompagnement de la personne. Elle doit sécuriser, rassurer, favoriser la communication et être une source de bien-être pour l’aidé.

Il est donc primordial de ne pas braquer la personne atteinte d’incontinence. Pour rendre le moment de change le moins désagréable possible, certains aidants se précipitent. Ils manipulent la personne rapidement, ne lui parlent pas ou peu. Alors qu’ils pensent accomplir correctement leur devoir, leur attitude provoque chez les personnes aidées un sentiment de malaise parce qu’elles se sentent traitées comme des objets.

Pour assurer le bon déroulement des soins, il est donc nécessaire de développer ses capacités d’écoute. La personne que vous aidez se sentira respectée et plus encline à coopérer si :

• vous installez un contact visuel avec elle ;
• vous l’écoutez. Même si elle est confuse, laissez-la s’exprimer et ne terminez pas ses phrases à sa place ;
• vous faites preuve d’empathie. Si la personne exprime une douleur ou un inconfort, ne la jugez pas et ne niez pas ses ressentis ;
• vous évitez les distractions mentales ou physiques. Lorsque vous procédez à la toilette de la personne, restez présent aux gestes que vous accomplissez ;
• vous maîtrisez votre langage corporel. Si vous exagérez la distance entre vous et le corps de l’autre, la personne pourra se percevoir comme dégoûtante. Inversement, si vous êtes trop proche, elle pourra vivre votre présence comme une intrusion.

Comment gérer l incontinence au quotidien ?

Des gestes précis

La prise en charge de l’incontinence articule plusieurs priorités, à commencer par l’exécution de gestes précis et efficaces. Si le change et la toilette nécessitent un savoir-faire technique, il convient toutefois d’adapter ses gestes ou de marquer une pause, si la personne manifeste de l’inconfort ou une douleur.

Ainsi il est important d’être attentif aux signaux d’inconfort ou de bien-être envoyés par la personne (sourire, chair de poule, sursauts). Leur bonne interprétation permet de mettre fin à une situation désagréable, de la verbaliser ou à l’inverse de prolonger et de reproduire la fois suivante un instant de bien-être. Afin d’éviter que la personne aidée soit surprise par les gestes effectués, pensez à lui décrire chaque étapes de la toilette. Cela lui permettra de se sentir en confiance et d’anticiper chaque sensation ressentie.

Des produits adaptés

S’occuper de façon respectueuse d’une personne incontinente implique aussi de :

• choisir avec soin les protections d’incontinence. Les protections doivent être à la bonne taille, adaptés au degré de mobilité de la personne et garantir un taux d’absorption adéquat. Ainsi, les risques d’incidents et d’irritations seront réduits ;
• favoriser le bien-être des personnes : découvrir progressivement les parties du corps à toiletter puis les recouvrir afin d’éviter que la personne n'est froid ; appliquer une serviette chaude prodigue un sentiment de sécurité; masser délicatement les mains ou le cuir chevelu en les lavant procure des sensations agréables ;
• prévenir les problématiques cutanées (Dermatite Associée à l’Incontinence ou DAI), liées à l’exposition prolongée de la peau à l’urine en utilisant des produits adaptés  pour la toilette (lingettes imprégnées, gants de toilette imprégnés, etc.), l'hydratation (lait corporel, huile de soin, etc.) et pour la protection (crème à l'oxyde de zinc, crème dermoprotectrice, etc.).

Une posture juste

Faites preuve de patience et de délicatesse pendant les soins. En cas d’incident, essayez de ne pas vous mettre en colère, d’infantiliser la personne ou de montrer votre agacement. La confiance entre l’aidé et l’aidant se nourrit de respect mutuel.

Sans parler à tort et à travers, essayez de dialoguer avec le patient ou le proche auquel vous venez en aide. Cela vous permettra de :

• évaluer son autonomie et donc les gestes qu’il peut assurer seul ;
• le faire participer à la mesure de ses capacités (Vous pouvez par exemple dire “J’ai besoin d’un coup de main...”, “Est-ce que vous pouvez m’aider à...”)
• stimuler sa propre conscience corporelle (nommez les parties du corps que vous toiletter) ;
• choisir le protocole de soin qui sera le plus confortable pour la personne aidée comme pour l’aidant ;
• oser pratiquer l’humour, la dérision, les souvenirs amusants : rire ensemble crée des liens et permet de dédramatiser des situations ;
• mesurer ses inquiétudes et donc mieux respecter ses besoins, ses attentes et sa dignité.

Le moment de la toilette et du change peut devenir un véritable espace de rencontre, de confiance et de bien-être à condition de le placer sous le signe de l’humanité et de respecter la dignité des personnes. Pour vous aider à dépasser vos réticences et à cultiver une présence de qualité, il existe différents types de formations (prévention de l’incontinence, apprentissage des gestes, prévention des risques, etc.) pour les aidants. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à demander conseil à votre médecin référent ou à des associations d’aidants familiaux. 

Quelques sites qui proposent des formations pour les aidants familiaux (à titre indicatif) :

• Association France Alzheimer (si votre proche est atteint de la maladie d’Alzheimer)
• Association Française des aidants
• Centre d’information et de Formation des aidants (CIF-Aidants)