La dermite associée à l’incontinence : qu’est-ce que c’est ?

Une dermite associée à l’incontinence est une altération de la peau causée par un contact prolongé de la peau avec les selles et/ou les urines.

La peau est naturellement recouverte d’un manteau protecteur invisible appelé film hydrolipidique. Constitué d’eau et de graisses, ce film a normalement un pH acide situé entre 4,5 et 5,5. Il joue un rôle de bouclier pour protéger l’organisme contre les agressions extérieures (chocs, frottements, rayonnements UV du soleil, agents chimiques, bactéries). Mais, en cas de fuites urinaires, l’exposition persistante à des substances alcalines (l’urée contenue dans l’urine devient alcaline au contact de l’air) prive la peau de ses défenses.

La DAI se caractérise par une inflammation des couches supérieures de la peau. Elle occasionne des démangeaisons, des brûlures, des douleurs et parfois des suintements et une desquamation (perte des couches superficielles de l’épiderme). En outre, cette inflammation rend la peau plus sensible aux lésions de pressions et de frottements. La DAI est plus sévère en cas d’incontinence fécale car les enzymes digestives présentes dans les selles s’attaquent directement à la barrière cutanée.

Dans certains cas, la dermite associée à l’incontinence peut entraîner une perte d’autonomie, nuire au sommeil, à la qualité de vie et entraîner des complications médicales.

Quelles sont les personnes les plus exposées à la DAI ?

La dermite associée à l’incontinence touche plus particulièrement les personnes concernées par une incontinence prolongée : personnes âgées fragiles, alitées, en réanimation ou présentant des troubles cognitifs.

Le vieillissement de la peau constitue un facteur de risque supplémentaire. Avec l'âge, la peau se régénère plus lentement, et même les petites lésions mettent plus de temps à se réparer. Ceci empire en cas de malnutrition ou de traitement médicamenteux ayant un impact négatif sur la peau (corticoïdes, certains antibiotiques ou immunosuppresseurs). Face à une lésion entraînant une dermatite d'incontinence, une peau jeune se remettra beaucoup plus rapidement et facilement qu’une peau mature déjà très fragilisée.

Quels sont les risques de complication ?

La DAI est une complication avérée de l’incontinence. Si la pathologie n’est pas correctement prise en charge, le risque de développer des escarres s’accroît. Les escarres sont des lésions importantes de la peau que l’on rencontre fréquemment chez les personnes incontinentes à mobilité réduite. Elles se caractérisent dans un premier temps par des rougeurs, c’est la raison pour laquelle ces lésions sont souvent confondues avec la dermite. En revanche, contrairement à la DAI, les escarres peuvent évoluer en plaies très profondes.

Comment traiter la DAI ?

Pour soulager la personne, il est impératif de traiter localement la DAI. La zone concernée doit d’abord être parfaitement nettoyée, avant d’y appliquer une crème cicatrisante. Si la peau est trop abîmée, des pansements spécifiques sont utilisés.

Dans tous les cas, l’observation d’une dermite associée à l’incontinence nécessite un avis médical. Le traitement repose sur des médicaments puissants à base de cortisone, d'antifongiques et de crèmes antibactériennes. Le médecin pourra également prescrire la pose temporaire d’une sonde urinaire pour limiter l’exposition de la peau à l’urine, le temps que les lésions cicatrisent.

En parallèle, selon l’état de la personne et les causes de la DAI, une prise en charge de l’incontinence sera proposée. Il pourra s’agir de séances de rééducation du périnée, d’un traitement médicamenteux ou encore d’une intervention chirurgicale.

Avec la dermatite associée à l’incontinence l’expression “mieux vaut prévenir que guérir” prend tout son sens. Non seulement cette affection nuit à la qualité de vie de la personne mais elle exige de surcroît des soins. En cas d'incontinence, il est donc primordial d’apprendre à protéger soigneusement sa peau ou celle d’un proche.